L'Italie est plongée dans l'inconnu au lendemain du renoncement de Giuseppe Conte à former un gouvernement. Le Mouvement 5 Étoiles et la Ligue accusent le président d'avoir bloqué les négociations sous la pression de "Berlin, Paris ou Bruxelles".
L'Italie a basculé, dimanche 27 mai, dans une nouvelle crise politique avec le renoncement de Giuseppe Conte à former un gouvernement de coalition avec le Mouvement 5 Étoiles (M5S, populiste) et la Ligue (extrême droite).
Sa décision est la conséquence du refus opposé par le président de la République Sergio Mattarella à la nomination de l'économiste Paolo Savona à la tête du ministère de l'Économie, en raison de son hostilité envers l'euro et les institutions européennes.
Le chef de l'État a parallèlement convoqué lundi matin un ancien haut responsable du Fonds monétaire international (FMI), Carlo Cottarelli. Sergio Mattarella pourrait lui demander de former un gouvernement de transition composé de techniciens, mais le départ de Giuseppe Conte a déclenché une crise constitutionnelle et semble rendre inévitable la tenue de nouvelles élections législatives cette année.
Le président Mattarella a aussitôt été accusé par les dirigeants du M5S et de la Ligue d'avoir trahi la Constitution et de répondre aux ordres des puissances européennes. Luigi Di Maio, chef de file du M5S, a demandé sa destitution. "Ce soir, il est vraiment difficile de croire en nos institutions et aux lois de l'État", a dit le dirigeant du parti arrivé en tête des législatives du 4 mars dernier.
Matteo Salvini, le dirigeant de la Ligue, a estimé lui que l'Italie venait d'entrer dans un "conflit institutionnel sans précédent" et que le refus du président d'accepter la nomination de Paolo Savona était un déni de démocratie dicté par les partenaires européens de l'Italie.
"Si Berlin, Paris ou Bruxelles ne donnent pas leur accord, aucun gouvernement ne peut être formé en Italie", a-t-il dit. "C'est une absurdité, et je demande au peuple italien de nous soutenir parce que je veux ramener la démocratie dans ce pays." Avant d’ajouter : "Il ne s'agira pas d'élections mais d'un référendum entre l'Italie et ceux qui à l'extérieur veulent que nous soyons une nation servile, asservie et à genou."
Vers de nouvelles élections à l’automne
Dans une allocution télévisée au ton grave, Sergio Matterella s'était justifié en début de soirée: "J'ai accepté toutes les nominations, sauf celle du ministre de l'Économie. Pour ce ministère, j'ai demandé aux partis de la coalition une personnalité politique autoritaire n'étant pas considérée comme partisane d'une ligne qui pourrait provoquer la sortie de l'Italie de la zone euro."
"L'incertitude a alarmé les investisseurs et les épargnants en Italie comme à l'étranger (...) L'appartenance à l'euro est un choix fondamental. Si nous voulons en débattre, il faut le faire de façon sérieuse", a-t-il ajouté.
La convocation de Carlo Cottarelli, qui dirige l'Observatoire des comptes publics, pourrait signifier que Sergio Mattarella envisage de lui confier la formation d'un gouvernement de transition composé de techniciens chargé d'élaborer avant la fin décembre le budget 2019, notamment pour éviter une hausse automatique de la TVA en cas de creusement du déficit.
Si un gouvernement Cottarelli n'obtenait pas, comme c'est probable, le soutien du Parlement, il resterait en place pour expédier les affaires courantes et de nouvelles élections seraient organisées en septembre ou octobre, un scénario inédit dans l'Italie de l'après-guerre.
D'après les derniers sondages, de nouvelles élections pourraient profiter à la Ligue, qui a remporté 17 % des voix en mars, tandis que le M5S consoliderait sa base, mais ne permettraient pas de sortir de l'impasse.
Avant même la fin de la réunion au Quirinal (palais présidentiel), qui a scellé dimanche soir le sort de l'option Conte, Matteo Salvini avait estimé que la seule solution désormais était la tenue de nouvelles élections législatives. "Dans une démocratie, si nous sommes toujours en démocratie, il n'y a qu'une seule chose à faire, laisser les Italiens avoir leur mot à dire", a-t-il déclaré devant des partisans rassemblés dans le centre de l'Italie.
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