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Crèmes solaires ou vêtements anti-UV, quelle est la meilleure protection ?

Coralie Thieulin, ECE Paris

Certains filtres des crèmes solaires sont toxiques pour les récifs coralliens. D’autres, sous forme de nanoparticules, peuvent traverser les membranes biologiques, ce qui interroge sur leur nocivité. Alors faut-il privilégier les vêtements anti-UV dont le niveau de protection est équivalent à une crème solaire FPS 50 ?


Après des mois tristes et pluvieux, le soleil arrive enfin et, avec lui, ces fameux rayons ultraviolets (UV) dont il faut se méfier. En effet, une dose excessive d’UV agresse les cellules de la peau et peut provoquer des dommages irréversibles tels que l’apparition de cancers cutanés.

Selon l’Institut national du cancer, le nombre de nouveaux cas de cancers de la peau a doublé entre 1990 et 2023. Il est donc essentiel de se protéger en appliquant les gestes de protection solaire adaptés.


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Les filtres chimiques et physiques, les « écrans » des crèmes solaires

Quand on parle de protection solaire, on pense généralement aux crèmes solaires. Mais comment fonctionnent-elles, au juste ?

Avant de poursuivre, il est utile de rappeler la composition des rayons UV. La lumière du Soleil contient trois types de rayons UV : les UVA, les UVB et les UVC. Lorsqu’ils traversent l’atmosphère, tous les UVC et la plupart des UVB sont absorbés par la couche d’ozone. Seuls les UVA ne sont pas filtrés efficacement par l’atmosphère et représentent 95 % des UV qui atteignent la surface terrestre.

Les UVA ont un effet à long terme, jouant un rôle majeur dans le vieillissement précoce de la peau et augmentant le risque de cancers cutanés. Les UVB atteignent l’épiderme et provoquent, à court terme, des coups de soleil et le bronzage. Cependant, l’accumulation de leur action contribue également au vieillissement prématuré de la peau et à l’apparition de cancers à plus long terme.

La crème solaire bloque les rayons UV avant qu’ils ne pénètrent dans la peau. Elle contient des filtres UV qui peuvent être de deux types : les filtres chimiques (organiques) et les filtres physiques (minéraux).

Les filtres organiques, molécules contenant des atomes de carbone, absorbent les rayons UV à la place de la peau et transforment l’énergie du rayonnement reçue en faible chaleur, qui est ensuite dissipée.

Ces filtres présentent l’avantage d’être transparents une fois appliqués sur la peau. Cependant, les filtres organiques ne sont pas toujours efficaces sur l’ensemble des longueurs d’onde du spectre UV. Pour obtenir une protection adéquate, il est souvent nécessaire de les combiner. Par conséquent, la composition d’un produit solaire peut contenir plusieurs molécules chimiques complémentaires, comme indiqué sur l’étiquette.

Les filtres minéraux agissent, quant à eux, comme une barrière physique en réfléchissant les rayons UV loin de la peau, un peu à l’image d’un miroir. Ces filtres sont principalement constitués d’oxydes, tels que l’oxyde de zinc et le dioxyde de titane. Les filtres minéraux présentent l’avantage d’être moins allergisants et plus actifs sur l’ensemble des longueurs d’onde, sur l’ensemble des longueurs d’onde UV, que les filtres organiques. Cependant, ils forment souvent une pellicule blanche sur la peau, ce qui peut être inesthétique.

De plus, certains de ces écrans minéraux sont controversés en raison de leur formulation sous forme de nanoparticules (pour éviter l’aspect blanc sur la peau). Nous reviendrons sur ce point plus loin.

Quelles quantités d’UV échappent à la crème solaire ?

Dans les deux cas, comme leur nom l’indique, ces filtres solaires agissent comme des « écrans » et ne bloquent pas la totalité des rayons UV du soleil. Une partie de ces rayons peut traverser la crème solaire et se frayer un chemin jusqu’à notre peau. Pour mesurer la quantité d’UV échappant à la crème solaire, on utilise le Facteur de protection solaire ou FPS (à noter que sur les emballages, est parfois apposé l’acronyme anglais SPF). Plus le FPS est élevé, moins les rayons UV sont capables de franchir le filtre solaire.

Si elle est appliquée correctement (en quantité et fréquence), une crème solaire ayant un FPS de 15 absorbe 93 % des UVB et avec un FPS de 30, ce sont 97 % des UVB qui sont filtrés, selon une recommandation de la Commission européenne. Et finalement, le niveau de protection entre un produit solaire FPS 30 et FPS 50 (qui arrête 98 % des UVB) sera finalement très proche…

Cependant, bien que les crèmes solaires soient très efficaces dans des conditions d’utilisation optimales, leur efficacité diminue avec le temps et varie en fonction de plusieurs paramètres tels que la quantité de crème appliquée, les frottements qui l’éliminent, la transpiration, l’eau, etc.

Certains filtres chimiques toxiques pour les coraux

D’autre part, plusieurs études scientifiques montrent que la crème solaire n’est pas neutre pour l’environnement. En effet, les filtres UV ont un effet délétère et agressif sur les récifs coralliens et sont responsables de leur blanchiment.

En France, les coraux des Outre-mer en Guadeloupe, en Martinique, à la Réunion et à Mayotte sont également concernés. Après avoir passé en revue la littérature scientifique disponible sur la question avec l’appui de l’Office français de la biodiversité, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a pointé la toxicité pour les coraux de trois filtres UV présents dans des crèmes solaires. Il s’agit de l’oxybenzone, de l’octinoxate et de l’octocrylène.

Comment repérer les crèmes solaires respectueuses des milieux marins ? Les services de l’Anses mettent en garde contre la présence de pictogramme ou de mentions sur certaines crèmes solaires qui mettent en avant un supposé respect du milieu marin :

« Ces marquages doivent être soutenus par des études menées sous la responsabilité des fabricants qui les vendent. La présence d’une des substances mentionnées ci-dessus [l’oxybenzone, l’octinoxate et l’octocrylène] semble incompatible avec la possibilité de bénéficier de telles allégations. »

En pratique, la solution consiste donc à éplucher la liste des ingrédients qui composent la crème solaire pour vérifier qu’elle ne contient pas l’un de ces trois filtres UV.

Quels risques pour la santé des filtres minéraux sous forme de nanoparticules ?

Les crèmes solaires, notamment en raison de la présence de nanoparticules (dioxyde de titane, oxyde de zinc), suscitent également des interrogations concernant notre santé.

Les nanoparticules sont de très petites particules de taille inférieure à 100 nm (soit 10 000 fois plus petit qu’un grain de framboise). Leur utilisation dans les crèmes solaires améliore l’absorption du produit et réduit l’effet « couleur blanche » sur la peau. En somme, elles offrent un confort et une esthétique recherchés, voire exigés par les consommateurs qui sont nombreux à hésiter à appliquer une « pâte blanche ».

Le problème de ces nanoparticules est qu’elles ont la capacité de traverser les membranes biologiques. Aujourd’hui, la science n’a pas énormément de recul sur leurs effets sur notre santé. Néanmoins, différentes études s’accordent à dire que l’utilisation de crèmes solaires contenant du dioxyde de titane est sans danger sur peau saine, mais pas sur peaux lésées ou de personnes souffrant d’une maladie cutanée.

Des vêtements anti-UV pour se protéger du soleil

Alors, les vêtements sont-ils l’alternative ? Attention, n’importe quel vêtement estival ne fera pas l’affaire… Un t-shirt blanc ordinaire en coton léger laisse passer 20 % des rayons UV. Cela peut donner le sentiment d’être protégé mais une brûlure peut survenir, plus ou moins rapidement selon le phototype de la personne.

De plus, lorsqu’il est mouillé, son efficacité diminue davantage encore. Par contre, il existe des vêtements anti-UV spécialement conçus pour protéger des rayons UV du Soleil.

Les propriétés anti-UV d’un vêtement dépendent notamment :

  • de sa couleur (les rayons UV sont mieux bloqués par des couleurs vives ou foncées)

  • du tissage du textile (le coton ayant un tissage aéré protège moins bien que le polyester qui a un tissage plus dense) et

  • de l’ajout d’additifs qui diminuent la pénétration des rayons UV (par exemple, des particules de céramique).

La meilleure protection UV : combiner textiles adaptés et crème solaire

Comme pour les crèmes solaires, l’efficacité de ces vêtements en tant que protection anti-UV est déterminée par un indicateur, le FPU (facteur de protection contre les rayons ultraviolets), qui mesure la proportion des UV bloqués.

Quand des vêtements anti-UV affichent un FPU de 50+, cela signifie qu’ils bloquent plus de 98 % des rayons UV (comme une crème solaire indice 50). Il faut tout de même penser à renouveler régulièrement les vêtements anti-UV (de préférence à chaque nouvelle saison) car leur efficacité peut diminuer lorsqu’ils sont usés ou distendus.

D’autre part, même en portant des vêtements avec un FPU élevé, toutes les parties du corps ne sont pas protégées, c’est notamment le cas du visage. Il est donc recommandé de les protéger avec une crème solaire adaptée. De plus, porter un chapeau à large bord et des lunettes de soleil est fortement conseillé.

En fin de compte, pour se protéger efficacement du soleil, rien ne vaut… un peu d’ombre.

Coralie Thieulin, Enseignant chercheur en physique à l'ECE, docteure en biophysique, ECE Paris

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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