Pas de commentaire. En ce premier jour de procès, Georges Tron, 60 ans, maire LR de Draveil et ancien secrétaire d'Etat à la Fonction publique (de mars 2010 à mai 2011) avait décidé de réserver ses déclarations à la cour d'assises de Seine-Saint-Denis à Bobigny, en charge de le juger pour viols aggravés et agressions sexuelles aggravées sur Virginie Faux et Eva Loubrieu, deux anciennes collaboratrices.
L'élu, appelé à la barre, joint ses mains puis les pose pour dérouler son parcours personnel et professionnel : son entrée en politique en 1977 au RPR, son mariage en 1982 avec sa femme rencontrée sur les bancs de la fac de droit, son recrutement au cabinet d'Edouard Balladur alors ministre de l'Economie et des Finances en 1986 qui en fait son poulain, puis son entrée à l'Assemblée nationale en 1993 comme député de l'Essonne, et enfin à la mairie de Draveil en 1995.
Son frère l'a décrit auprès de l'enquêtrice de personnalité comme « le grand frère à qui tout réussit ». Une collaboratrice dit de lui qu'il est un « patron impatient et exigeant ».
Inévitablement, l'accusé parle aussi de ses passions, parmi lesquelles les stylos qu'il collectionne et, plus original, la réflexologie plantaire. « J'y suis venu après une première grave entorse survenue à la montagne (NDLR : une autre passion) dans les années 1980, se souvient-il. Je faisais beaucoup d'arts martiaux à l'époque et j'ai découvert par un de mes professeurs l'intérêt des médecines alternatives. » Dans les années 1990, il fait partie des membres fondateurs d'une association œuvrant pour la défense et la reconnaissance de ces pratiques.
Sa femme témoigne en sa faveur
C'est par des séances de réflexologie plantaire que ses deux accusatrices disent avoir été abordées par l'élu, en prélude à des violences sexuelles. Les parties civiles dénoncent des séances qui ont pu se dérouler lors d'entretiens au sein de la permanence parlementaire. Le président questionne : « Est-ce qu'il n'y a pas eu de mélange des genres. Les gens venaient voir le député ou le réflexologue ? » Georges Tron répond : « Quand on vient me parler de problèmes de logement, de violences conjugales, je parle de ces problèmes. Je n'impose pas le sujet de la réflexologie. J'avais une pratique amicale, passionnelle et familiale. C'est devenu un outil pour me nuire. Je ne pensais pas que ça pouvait poser un problème. »
Le président le questionne sur la manière dont il a vécu cette affaire : « Ma famille, mes amis, mes adjoints et mes administrés ont fait bloc. Nous avons vécu ça comme une épreuve collective. Il y a eu des moments particulièrement durs. Ma fille passait le bac le jour où j'étais en garde à vue. »
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