L'affaire est des plus embarrassantes pour l'administration pénitentiaire. Deux personnes ont été mises en examen dans le cadre d'une information judiciaire portant sur l'existence supposée d'un réseau de corruption au sein de la prison de Fresnes. Il s'agit du directeur de la division D3, un des trois bâtiments de cette maison d'arrêt du Val-de-Marne, âgé de 49 ans, et de Fabrice Touil, 42 ans, un ancien joueur professionnel de poker poursuivi dans le dossier d'escroquerie à la taxe carbone dit B Concept.
Mis en examen pour "corruption de personne dépositaire de l'autorité publique, blanchiment de corruption passive et association de malfaiteurs", le premier a été placé en détention provisoire à la prison de Meaux. Le second, mis en examen pour corruption active d'une personne dépositaire de l'autorité publique et association de malfaiteurs, a également été écroué à la prison de Fleury-Mérogis, nous a confirmé le parquet de Créteil.
Réseau de corruption
Depuis lundi, sept personnes ont fait l'objet d'une garde à vue dans le cadre des investigations menées par la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) de la PJ parisienne et la Brigade de répression du banditisme (BRB) de la PJ de Versailles.
Parmi elles figurent, outre l'épouse du directeur, Arnaud Mimran, un ancien financier à la réputation sulfureuse – condamné en appel à 8 ans de prison dans une vaste affaire d'escroquerie à la TVA, le parquet de Paris vient, par ailleurs, de demander son renvoi devant la cour d'assises dans une affaire d'enlèvement et d'extorsion de fonds sur un financier suisse –, Eric Robic, le chauffard français qui avait écrasé l'Israélienne Lee Zeitouni à Tel-Aviv en septembre 2011 avant de prendre la fuite, un surveillant de la division D3 ainsi qu'un aumônier juif régional, proche du directeur.
Une enquête préliminaire avait été ouverte, en mars 2017, par le parquet de Créteil à la suite d'un signalement de l'administration pénitentiaire. Celle-ci avait recueilli des témoignages émanant de plusieurs sources (détenus, surveillants, service pénitentiaire d'insertion et de probation…) laissant penser à la possible existence d'un réseau de corruption au sein de la prison de Fresnes impliquant le directeur de la division D3.
Ce dernier aurait entretenu des relations privilégiées avec plusieurs détenus de cette unité, principalement issus de la communauté juive, parmi lesquels des personnes condamnées pour des escroqueries financières mais également un important trafiquant de drogue, placé en détention provisoire dans le cadre d'une affaire impliquant également deux policiers de la PAF.
Les largesses du directeur
Selon les témoignages, ces détenus auraient, moyennant finance, profité d'un traitement de faveur pour améliorer leurs conditions d'incarcération. Des avantages divers et variés : portable, nourriture, douches régulières, absence de rapports d'incidents, appui des dossiers devant les commissions d'application des peines, promesses d'intervention devant les magistrats... Des écoutes téléphoniques réalisées dans le cadre d'un autre dossier auraient confirmé les soupçons des enquêteurs.
Lors des conversations téléphoniques, certains détenus auraient évoqué des largesses du directeur. Ils se seraient ainsi vantés de faire venir des prostituées lors des parloirs avec l'accord de ce dernier. Des fanfaronnades, ont cependant argué les intéressés devant les enquêteurs.