En 2007, le Centre international de recherche sur le cancer a conclu à un effet cancérogène probable du travail posté. En cause notamment, la perturbation du rythme circadien qu'il provoque. Et aujourd'hui, des chercheurs pensent avoir mis le doigt sur le mécanisme en jeu.
Le rythme circadien, c'est une sorte d'horloge biologique qui, sur une durée de 24 heures environ, régule de nombreux aspects de notre physiologie. Ce rythme peut être perturbé par le décalage horaire, le travail posté ou encore, des troubles du sommeil. Et de précédentes études avaient déjà montré que, sur le modèle animal, des rythmes circadiens perturbés favorisent le développement des cancers.
Des travaux menés par des chercheurs de l'université de Pennsylvanie (États-Unis) mettent aujourd'hui en lumière les mécanismes en jeu. Grâce à une hormone de synthèse, la dexaméthasone, les chercheurs ont perturbé le rythme quotidien de cellules en culture. Résultat : l'expression de plusieurs gènes a été altérée et notamment, de ceux impliqués dans la régulation du cycle cellulaire.
Horloge biologique perturbée, division cellulaire dopée
Ils ont ainsi pu observer une expression accrue d'une protéine connue sous le nom de cycline D1 qui joue un rôle fondamental dans l'initiation de la division cellulaire. Elle active en effet la kinase 4/6 (CDK4/6) qui fait basculer les cellules de l'agrandissement vers la division.
La croissance tumorale étant étroitement liée à la division cellulaire, de nombreux traitements tentent de l'interrompre. L'étude dévoile qu'un médicament inhibiteur de CDK4/6, en particulier, le PD-0332991, se montre plus efficace lorsqu'il est pris le matin que la nuit. Et lorsque les rythmes circadiens sont perturbés, il perd encore en efficacité. Aussi bien sur des cellules que chez des souris. «?Une meilleure compréhension de ces effets permettrait notamment d'optimiser les stratégies thérapeutiques?», conclut Amita Senghal, chercheur à l'université de Pennsylvanie.
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