Par le

Le groupe américain ouvre un laboratoire d’intelligence artificielle dans la capitale Accra et voit, comme Facebook, l’Afrique comme un marché prometteur.

De prime abord, les locaux ressemblent à tous les locaux de Google dans le monde : le célèbre logo aux couleurs primaires est visible sur un mur, des ordinateurs sont posés sur des bureaux flambant neufs, une salle de repos accueille une console Playstation, le coin cuisine une machine à expresso et un micro-ondes… Seuls quelques détails trahissent le premier laboratoire d’intelligence artificielle ouvert en Afrique par le géant du numérique : les impressionnantes lignes de code sur les écrans de la dizaine de chercheurs qui travaillent en silence dans l’open space, un grand tableau rempli de formules mathématiques, mais aussi, au mur, des tentures et une collection d’éventails en kente, ces tissus du Ghana aux motifs géométriques et multicolores prisés dans toute l’Afrique. Les salles de réunion ont été baptisées Bojo et Labadi, du nom de plages de ce pays anglophone installé dans l’Afrique de l’Ouest francophone.

Pourquoi ouvrir un centre d’intelligence artificielle au Ghana ? Cette question intriguait les journalistes conviés mercredi 10 avril dans la capitale Accra pour visiter ce laboratoire annoncé en juin 2018 et ouvert en février dernier. Le pays jouit d’une stabilité politique et d’un bon niveau d’éducation en sciences, convient le directeur du labo Moustapha Cissé. Mais il y a une raison plus profonde, estime cette étoile montante de « l’IA » – un Sénégalais de 34 ans qui arpente les bureaux dans une élégante et longue chemise à col rond mais sans ses beaux mocassins, qu’il a enlevés : « Ouvrir un laboratoire ici, en Afrique, peut faire avancer la science en amenant une perspective différente de celle des chercheurs installés aux Etats-Unis ou en France. » Parmi les dix-sept centres d’Intelligence artificielle (IA) de Google, neuf sont en Amérique du Nord, cinq en Europe, deux en Asie et un en Israël. Le labo d’Accra se veut une réponse au manque de « diversité » et aux problèmes de « biais » dans la recherche, qui empêchent, par exemple, les logiciels de reconnaissance faciale de bien identifier les visages noirs, faute d’y avoir été assez entraînés.

Ce centre de recherche fondamentale se donne pour mission de s’intéresser à des problèmes qui se posent en Afrique dans la santé, l’agriculture ou la traduction des « 2 000 langues du continent ». Mais l’IA est-elle une priorité dans des pays qui manquent d’hôpitaux ou de raccordement à l’électricité ? « Il ne faut pas surtechnologiser les solutions, reconnait Joe Quinn, un des chercheurs, ex-professeur et conseilller IA pour les Nations unies en Ouganda. Mais l’intelligence artificielle peut être utile. Surtout si vous êtes sur place pour parler avec ceux qui pourraient l’appliquer. » En Ouganda, celui-ci a développé un logiciel destiné à trier des échantillons de sang infecté par la malaria. L’IA pourrait aussi aider à repérer, grâce à un téléphone portable, des feuilles de manioc atteintes de maladie ou des lésions cancéreuses cutanées. M. Quinn espère aussi cartographier les bâtiments en Afrique, grâce à l’analyse d’images satellite de Google Maps.


Lire la suite : Comment le Ghana est devenu le poste avancé de Google en Afrique


Articles en relation

Sommes-nous prêts à confier nos décisions d’achat à une IA ? Image de freepik Sommes-nous prêts à confier nos décisions d’achat à une IA ? Patricia Rossi, SKEMA Business School et Mariyani Ah..... Read Full Article