Ces musulmans qui veulent un Ramadan éthique et écologique - La Croix

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Alors que commence jeudi 17 mai le mois de jeûne, certains musulmans remettent en cause quelques habitudes qui l’accompagnent, comme le gaspillage.

Ils appellent de leurs vœux une démarche plus spirituelle.

Dès le début du Ramadan, à chaque coucher du soleil, les familles musulmanes vont se réunir pour l’iftar, le repas de rupture du jeûne. Un grand moment de partage, et souvent un festin. « Les mères de famille ont 18 heures pour réfléchir au repas qu’elles vont préparer, alors elles ont tendance à cuisiner beaucoup trop?! » sourit Benamor Tasnim.

La jeune femme n’est pas la seule de sa génération à être gênée par cette profusion de nourriture pendant le Ramadan. Ce qui dérange le plus?: le gaspillage. « Certaines familles refusent de manger les restes le lendemain et jettent tout?! Il faut vraiment prendre le Ramadan de façon spirituelle, pour faire une véritable détox du corps et de l’esprit. »

Pour Mathilde Bouchiha, convertie en 2008, cette purification était d’emblée une composante essentielle du jeûne. « Durant cette période, nous nous reconnectons avec Dieu. Notre but n’est pas de nous affamer, mais de nous transformer de l’intérieur, nous élever », explique la jeune femme. Son mari, qui a grandi dans une famille où il fait bon festoyer les soirs de Ramadan, constate les bienfaits d’un jeûne plus diététique?: son corps ne souffre plus de l’alternance brutale entre journées de diète et repas chargés.

Consommer moins et mieux

Le Ramadan consisterait donc aussi à consommer moins et mieux. « Il sert à faire la différence entre les réels besoins du corps et les envies », enseigne la chef et pâtissière Laïla Elkerch au groupe de femmes assises autour de la table. Aux Assises musulmanes de l’écologie 2018, le 1er mai à Nanterre, elle était venue animer un atelier chrono -nutrition et Ramadan. Pendant que les mains s’activent à confectionner des « boules énergisantes » à base de dattes, elle conseille de bien dormir pendant le Ramadan. Difficile lorsque l’on n’a que six heures pour manger et dormir, font remarquer quelques femmes. Laïla Elkerch suggère de boire le plus possible en amont (puisque c’est prohibé en journée), et surtout d’éviter thé et café, trop diurétiques.

Pour ces adeptes du bio, envisager le Ramadan de cette façon est dans l’essence même de l’islam. Le théologien Nabil Mohamed rappelle que les anciens vivaient le jeûne de façon « écologique et saine »?: on cuisinait beaucoup de nourriture, mais c’était pour tout le quartier. On donnait aux pauvres, et les restes étaient laissés aux animaux. Des pratiques oubliées. « Je suis contre le gaspillage, mais les hommes pensent que si la table n’est pas garnie, ils vont avoir faim?! », se gausse gentiment Djamila Legheraba après avoir écouté les interventions. « N’est-ce pas?? » Assis à côté d’elle, son mari, appuyé sur sa canne, acquiesce en souriant. Il se sent une âme d’écologiste, mais reconnaît la difficulté de changer les habitudes. Nabil Mohamed, le théologien, rassure, déconseillant de faire la morale aux parents qui ont souvent plus de mal à se détacher des pratiques culturelles.


Pourtant, « comme tous les Français, les musulmans se rendent compte que c’est nécessaire », affirme Hadj Khelil, fondateur de l’entreprise Bionoor, première à avoir décroché un label bio pour sa viande halal. Il reconnaît que la demande est encore assez limitée, mais dénonce une discrimination du bio envers les musulmans. « Quand je me suis lancé, on me répondait toujours catégoriquement qu’avec le halal c’était impossible. En somme, il faut manger bio, mais vous les musulmans, vous n’y avez pas droit?! »

Explication éthique du halal

Il lui aura fallu des années de bataille, contre des organisations écologistes qui l’attaquaient, pour parvenir à se faire labelliser, à grand renfort d’études scientifiques. « C’est une gigantesque hypocrisie?: on présente le halal et l’abattage sans étourdissement comme le pire du pire, et on oublie que le pire, c’est simplement de tuer les animaux. » Il prône un abattage mesuré et donne son explication éthique du halal?: celui qui pratique une telle forme d’abattage a conscience de son acte, contrairement à ceux qui abattent à la chaîne.

Il considère par ailleurs qu’une vraie viande halal est bio. « C’est dit dans le Coran », affirme-t-il, citant un verset de la sourate de La Vache?: « Ô gens?! De ce qui existe sur la terre, mangez le licite et le pur (…)».


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