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Ce que vos cheveux peuvent vous apprendre sur votre santé
Dan Baumgardt, University of BristolNos cheveux ont beaucoup à dire. La façon dont nous les coupons, les coiffons et les colorons est souvent une représentation de ce que nous sommes.
Mais les cheveux ne se limitent pas à leur rôle esthétique. Ils remplissent également bon nombre de fonctions importantes : ils empêchent, par exemple, la perte de chaleur par la peau ou (dans le cas de nos sourcils) empêchent la sueur de couler dans nos yeux.
Les cheveux peuvent également être le reflet de ce qui se passe à l’intérieur de notre corps. De nombreuses maladies peuvent altérer la qualité et l’apparence de nos cheveux. Prêter attention à leur aspect peut nous donner des indices sur notre état de santé.
Le cycle du cheveu
Les follicules qui produisent et nourrissent les cheveux font partie des organes les plus minuscules de notre corps. Les cheveux ne peuvent pousser qu’aux endroits où sont présents des follicules.
La croissance des cheveux est un processus complexe. Chaque minuscule follicule passe par différents stades cycliques. Le premier est la phase de croissance active du cheveu (phase « anagène »), avant que la croissance ne s’arrête (phase « catagène »). Cette phase évolue ensuite vers la perte du cheveu ou la chute du follicule (phase « télogène »).
De nombreux facteurs – notre génétique, nos hormones, en passant par notre âge – peuvent affecter ces follicules et leur croissance.
L’excès de pilosité
L’hypertrichose est une affection dans laquelle les poils poussent en excès sur l’ensemble du corps. Dans la plupart des cas, il s’agit d’une réaction à la prise d’un nouveau médicament, comme la phénytoïne utilisée pour traiter l’épilepsie. Mais elle peut également être causée par des maladies telles que l’anorexie et le VIH.
(L’Assurance maladie invite à faire un bilan médical en cas d’hypertrichose simple ou pilosité abondante chez la femme, ndlr).
Certaines pathologies provoquent également la pousse de poils à des endroits où ils ne devraient pas pousser. Chez les nouveau-nés, la présence de touffes de poils près de la base de la colonne vertébrale peut indiquer un spina bifida occulta. Cela se produit lorsque les vertèbres inférieures de la colonne vertébrale ne se sont pas formées correctement, ce qui laisse la délicate moelle épinière recouverte uniquement de peau.
Le pourquoi et le comment de ces affections et de leur capacité à déclencher une hypertrichose restent mal compris.
L’hirsutisme est une autre affection caractérisée par une croissance excessive des poils, mais selon un schéma typiquement masculin (en d’autres termes, les poils se trouvent localisés à des endroits du corps où ils sont d’ordinaire présents chez l’homme et non chez la femme, ndlr) : sur le visage, les lèvres, la poitrine et les bras. Ce phénomène est dû aux hormones androgènes, à savoir la testostérone qui, à des niveaux élevés, favorise la croissance des poils au niveau de ces zones. Ce phénomène peut être observé dans le syndrome des ovaires polykystiques.
(Le syndrome des ovaires polykystiques ou SOPK est la maladie hormonale la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer ainsi que la première cause d’infertilité féminine, ndlr).
La perte de cheveux
Les cheveux peuvent également commencer à tomber en quantités anormales, devenant plus fins ou absents sur certaines parties du corps. Le terme médical pour désigner la perte de cheveux est l’alopécie. Elle peut être localisée ou généralisée. Les causes de l’alopécie sont multiples et comprennent les infections fongiques (provoquées par des champignons, ndlr), l’anémie due à une déficience en fer, un faible taux d’hormones thyroïdiennes et la prise de médicaments (y compris la chimiothérapie).
L’âge, le sexe et la génétique sont également en cause. La calvitie masculine se manifeste à la racine des cheveux et au sommet de la tête. Elle est influencée par l’hormone testostérone qui raccourcit la phase de croissance des cheveux et les rend plus fins. La plupart des hommes atteints de calvitie masculine commencent à observer une perte de cheveux vers l’âge de 20-25 ans.
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La calvitie féminine, en revanche, affecte généralement d’abord la ligne frontale des cheveux et provoque un amincissement plutôt qu’une perte complète des cheveux. Le rôle de la testostérone est plus discutable chez les femmes. Mais il y a une cause hormonale puisque l’amincissement des cheveux est plus fréquent autour et après la ménopause.
La perte de cheveux peut également résulter de l’arrachage des cheveux. Une coiffure serrée peut provoquer une traction sur le follicule et la perte de l’intégrité du cheveu. Certaines personnes peuvent également tirer ou arracher leurs cheveux par habitude. C’est ce qu’on appelle la trichotillomanie.
Traiter les problèmes capillaires
Pour aider les cheveux à repousser, il peut suffire de traiter l’affection sous-jacente qui en est à l’origine. Un traitement avec un médicament à base du principe actif minoxidil peut également être envisagé. Ce médicament a été initialement développé pour traiter l’hypertension artérielle, mais il a été observé qu’il favorisait également la repousse des cheveux. Son action peut être due à un effet direct sur les follicules pileux ou à une amélioration de la circulation sanguine au niveau du cuir chevelu. Ces incertitudes peuvent expliquer pourquoi certains patients voient leur état s’améliorer et d’autres non.
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La transplantation capillaire est également une possibilité. Cela consiste à replacer des cultures de cheveux dans les zones devenues chauves. On peut procéder de deux façons : on transplante soit plusieurs petits greffons par « perforation », soit une plus grande bande de peau. Les greffons sont prélevés sur la peau poilue du corps du patient – ce qui est un exemple d’autogreffe.
Parfois, des poils se trouvent sur certaines zones visibles du corps où leur présence n’est pas souhaitable. Il existe certains traitements pour arrêter cette croissance excessive. Outre les méthodes traditionnelles d’épilation, la pilule contraceptive et d’autres médicaments qui régulent l’influence hormonale sur les poils (comme le finastéride) peuvent être envisagés dans les cas où une maladie hormonale en est la cause (comme le SOPK).
(En France, l’Agence nationale de sécurité des médicaments ou ANSM met en garde contre les effets indésirables notamment psychiques (anxiété, dépression, pensées suicidaires susceptibles de conduire au suicide) qui peuvent être liés à la prise de finastéride 1 mg. « En raison d’un risque de malformation des organes génitaux des garçons, les femmes enceintes ou susceptibles de l’être ne doivent jamais manipuler des comprimés cassés ou écrasés de finastéride », alertent aussi les services de l’ANSM. Enfin, l’agence invite les personnes qui prennent du finastéride à en informer systématiquement les médecins qu’elles sont amenées à consulter, ndlr).
Testez vos propres cheveux
Pour avoir une meilleure idée de la santé de vos cheveux, vous pouvez effectuer vous-même un test simple à la maison, connu sous le nom de traction des cheveux.
Sélectionnez un groupe de 30 à 50 cheveux (une petite touffe) et passez vos doigts de la base des cheveux au cuir chevelu, jusqu’aux pointes. Il n’est pas nécessaire de tirer fort, une légère traction suffit pour déloger un cheveu qui tombe. Regardez combien de cheveux vous avez arrachés.
Normalement, un ou deux cheveux seulement s’enlèvent en tirant dessus, mais cela peut varier d’une personne à l’autre. Au-delà de dix cheveux, il est probable que votre cuir chevelu perd plus de cheveux que la normale. Cela peut évoquer une alopécie, mais le recours à un dermatologue pour une inspection plus détaillée peut vous aider à déterminer si votre perte de cheveux est le signe d’un problème plus grave.
Des modifications au niveau de vos cheveux ne sont pas nécessairement liées à l’âge ou à la façon dont vous les avez coiffés. Il existe de nombreuses situations qui nécessitent de prêter attention à la croissance ou à la perte de cheveux. Prenez en compte tout changement, qu’il soit constaté par vous-même ou par votre coiffeur.
Dan Baumgardt, Senior Lecturer, School of Physiology, Pharmacology and Neuroscience, University of Bristol
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.