La métropole et la ville de Lyon, fief du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, ont-elles financé la campagne d'Emmanuel Macron ? Après une plainte d'élus de droite, le parquet a ouvert une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics.
Une enquête préliminaire a été ouverte sur des soupçons de financement irrégulier de la campagne d'Emmanuel Macron par la métropole de Lyon après une plainte d'élus de droite, a-t-on appris, lundi 25 juin, de source proche de l'enquête.
Cette enquête, ordonnée vendredi par le parquet et confiée à la police judiciaire, vise des faits présumés de détournements de fonds publics, financement irrégulier de campagne électorale, abus de biens sociaux et recel, évoqués dans une plainte contre X déposée par le maire de Caluire, Philippe Cochet, président du groupe Les Républicains à la métropole de Lyon, et son homologue à la ville, Stéphane Guilland. Tous deux avaient annoncé la semaine dernière avoir saisi le procureur de la République après plusieurs mois d'opposition sur le sujet avec l'exécutif local de La République en marche.
Selon leur plainte, "des moyens publics (humains, matériels et financiers) sous le contrôle de la ville et de la métropole de Lyon", que dirigeait le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb avant d'entrer au gouvernement, auraient été "indûment détournés et mis à disposition" du futur président de la République.
"Il n'y a rien de nouveau dans ces informations, dont le seul objet est de jeter le discrédit. La plainte des élus Les Républicains de Lyon reprend une polémique que l'opposition locale tente d'alimenter depuis plusieurs mois. La collectivité a eu l'occasion de leur répondre dans le détail à plusieurs reprises", avait-on rétorqué dans l'entourage du ministre la semaine dernière.
L'enquête portera notamment sur une importante réception organisée le 2 juin 2016 à l'hôtel de ville de Lyon, où le ministre d’État avait reçu le ministre de l'Économie d'alors, Emmanuel Macron, deux mois après le lancement d'En Marche !.
Une réception à plus de 19 000 euros
Lors de cette soirée, la mairie mit de fait les petits plats dans les grands et on se bouscula dans ses salons pour voir Gérard Collomb accueillir son "cher Emmanuel" : un millier d'invités et presque autant de participants, dont les plaignants n'ont jamais pu obtenir la liste ; plus de 19 000 euros de frais, principalement pour le buffet et la sonorisation des lieux, confiés à un traiteur et une société d'événementiel (GL Events) bien connus sur la place.
Dans leur plainte, les élus estiment qu'Emmanuel Macron a bénéficié "d'une mise à disposition gratuite" de locaux publics "à des fins électorales et partisanes", alors que la campagne présidentielle était "juridiquement ouverte" ; et que les collectivités lyonnaises, en payant les factures, ont financé un candidat alors que le code électoral l'interdit aux personnes morales, à l'exception des partis et groupements politiques.
La plainte concerne également Jean-Marie Girier, ancien chef de cabinet de Gérard Collomb à la métropole de Lyon, qui a joué un rôle actif dans la campagne d’Emmanuel Macron avant de rejoindre le ministère de l'Intérieur.
Ce dernier a bénéficié d'un temps partiel au cabinet de la métropole à partir d'octobre 2016, puis a mis fin à ses fonctions en décembre pour devenir directeur de campagne en janvier 2017.
Mais les plaignants affirment, documents à l'appui, que son implication au sein d'En Marche ! a commencé bien avant : un cumul de fonctions "juridiquement interdit" selon eux, qui masquerait un emploi "partiellement ou totalement fictif" au sein de la collectivité "selon les périodes". L'enquête devrait notamment se pencher sur les prises de congés de Jean-Marie Girier.
Les élus LR s'interrogent enfin sur une utilisation des locaux parisiens de la métropole lyonnaise durant la campagne et entre les deux tours.