"J'ai bien compris que CouchSurfing n’est pas un site de rencontres." Il faut cocher la petite phrase pour s’inscrire sur ce réseau de canapés autour du monde. On est bien d’accord: allez dormir sur les canapés des autres, ça ne veut pas dire avec eux.
"L’objectif du réseau est de promouvoir les relations entre les cultures, il n’est pas fait pour faire la cour à d’autres membres. Nous ne tolérons pas le harcèlement", dit encore le règlement du site, fondé il y a quatre ans par un Américain et qui totalise plus de 250 000 surfeurs et 126 000 canapés à travers le monde.
Rencontrer des gens du monde entier, c’était bien l’idée de Vincent Hesse, 26 ans, quand il s’est inscrit sur Couchsurfing.com -même si l’histoire nous apprendra qu’il est tombé amoureux d’une surfeuse par la suite, "mais on ne va pas s’étendre". Le garçon n’est pas exactement un hippie en sandales. Il loue un studio Porte Maillot, à Paris, dans un immeuble avec gardien, et part au travail à 6h30 le matin. Dans la journée, il est ingénieur mécanicien, spécialiste de l’emballage des déchets nucléaires.
Chez lui, entre son lit, les étagères à DVD et la table à repasser (aussi chargées l'une que l'autre), il y a une couette pliée dans un coin. Déroulez la et voilà le canapé. Ce n’est pas exactement le Crillon, mais depuis que Vincent s’est inscrit sur Couchsurfing, il reçoit chaque semaine une quinzaine d’emails de surfeurs du monde entier prêts à y dormir gratuitement.
"Au début, je disais oui à tout le monde, mais j’ai été débordé", dit Vincent. Maintenant, il trie ses invités en fonction de la durée de leur séjour. Et pas dans le sens que vous croyez: Vincent choisit de préférence ceux qui veulent rester chez lui longtemps. Les passages en coup de vent ne l’intéressent pas. "C’est pas pour faire hôtel."
L’Américaine qui vient de partir est restée là neuf nuits. Sur une étagère, plein de petits mots laissés par des surfeurs, dont une pluie de remerciements signés de sa première surfeuse, Ashley: "Je ne peux pas croire que tu aies fait ma lessive!" Une autre lui a, de reconnaissance, gribouillé une Joconde scotchée au mur. "C’est comme recevoir des amis d’amis", dit Vincent.