La conquête spatiale passera par la colonisation de la Lune. Toutes les grandes entreprises lancées dans cette course en sont persuadées. Mais pour installer une base lunaire, encore faudra-t-il pouvoir s'y poser et y débarquer d'énormes quantités de matériel.
"Déménager les industries lourdes dans l'espace est au cœur des missions que s'est fixé Blue Origin. Le futur sera meilleur pour nos enfants — et leurs enfants — si nous utilisons l'espace pour améliorer la vie sur Terre, en permettant à des millions de gens de vivre et travailler dans l'espace." Telle est la phrase d'introduction choisie par la compagnie spatiale de Jeff Bezos pour introduire son projet d'atterrisseur lunaire : Blue Moon.Rappelant être engagé dans The Moon Race, une compétition informelle devant créer une émulation positive parmi tous les acteurs qui visent la Lune, Blue Origin prévoit la mise en place d'une vaste base lunaire, ce qui passera d'abord par sa capacité à transporter à la surface du satellite naturel de la Terre énormément de matériel. "C'est cohérent avec notre objectif qui est de faire atterrir sur la Lune de grosses charges utiles, permettant d'accéder et d'exploiter les ressources qui s'y trouvent. Avec ce projet Blue Moon et New Glenn [l'énorme lanceur en partie réutilisable qui devrait décoller aux alentours de 2020 ; NDLR], nous soutenons cette initiative aux côtés de l'ESA, d'Airbus et d'autres entités œuvrant sur l'exploration lunaire", indique Blue Origin.
Jeff Bezos, qui vend chaque année l'équivalent d'environ un milliard de dollars d'actions Amazon pour financer Blue Origine, société fondée il y a 18 ans, n'a pas apporté beaucoup de détails concernant cet atterrisseur en phase de conception. Mais pour atteindre ses ambitieux objectifs, Blue Origin pourra également compter sur des contrats passés avec la NASA et l'United Launch Alliance, à laquelle Blue Origin va vendre des moteurs de fusée (son nouveau BE-4, notamment).
Ces derniers mois, dans le cadre de plusieurs interviews, Jeff Bezos a exprimé sa vision qui consiste à transférer les industries lourdes et polluantes sur d'autres planètes, tout en signalant qu'un système solaire correctement aménagé pour y développer la vie humaine pourrait facilement être habité par 1 000 milliards d'individus. "Si nous avions 1 000 milliards d'humains, nous aurions un millier d'Einstein et un millier de Mozart, ainsi que des ressources illimitées en énergie solaire et autres. Tel est le monde dans lequel je veux que vivent les petits enfants de mes petits enfants", imaginait-il, par exemple, auprès de Business Insider.
Puisque l'on parle d'atterrisseur lunaire, glissons un mot sur le projet d'engin de ce type récemment présenté par Lockheed Martin. Un véhicule de 62 tonnes, pouvant embarquer 4 astronautes, qui serait même équipé d'un ascenseur. Cet atterrisseur lunaire, proposé par l'entreprise à la NASA, pourrait assurer 5 à 10 vols et permettrait à son équipage de passer jusqu'à 14 jours à la surface de la Lune. Il pourrait embarquer jusqu'à 40 tonnes d'oxygène liquide et d'hydrogène, et fonctionnerait en binôme avec un portail lunaire en orbite. Le simple approvisionnement en énergies fossiles de cet atterrisseur pose néanmoins question, alors que Lockheed Martin imagine que des fusées pourraient transporter le carburant vers des satellites de stockage en orbite basse, avant qu'il ne soit transféré par des navettes solaires vers le portail lunaire. Et ce n'est qu'une fois des poches d'eau forées sur la Lune que l'hydrogène et l'oxygène pourraient être créés sur place. Affaire à suivre.
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