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Replay. Ce ne sera pas la faute d’Emmanuel Macron. Quoique. Après avoir vu l’excellent documentaire d’Anne-Charlotte Gourraud, Mayotte la dernière colonie ?, diffusé lundi soir sur LCP, on en sort avec une conviction : là-bas, c’est le « bordel », comme dirait le président, mais là-bas, c’est aussi la France, mieux c’est depuis 2011, le 101e département de la République. 

On ne sait pas forcément quand, ni comment l’explosion aura lieu à Mayotte, la plus grande île des Comores qui a voté en 1974 pour rester française, mais au vu de l’exposé, on se dit que le gouvernement n’échappera pas avant la fin de la législature, à une déflagration majeure, liée aux conditions de vie des Comoriens qui cherchent à quitter leurs îles et à l’absence de moyens de l’Etat pour y faire face. Car si Mayotte est le département le plus pauvre de France, le niveau de vie des Mahorais est dix fois supérieur à celui des îles avoisinantes.

En juin, alors qu’il se trouvait dans le Morbihan, Emmanuel Macron, déjà drapé dans ses habits présidentiels plaisantait au sujet des « kwassa-kwassa », les petites embarcations utilisées par les migrants pour rallier Mayotte. Sidération générale. « Il y a des tapouilles et des kwassa-kwassa », lui expliquait en aparté un officiel. « Ah non, c’est à Mayotte le kwassa-kwassa. Mais le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent », avait répondu du tac au tac Emmanuel Macron. Une plaisanterie plutôt macabre : de 7 000 à 10 000 Comoriens se sont déjà noyés depuis 1995 après avoir embarqué sur ces frêles esquifs.

40 % de la population en situation irrégulière

Depuis, Emmanuel Macron s’est excusé. Un exemple suffisamment rare pour être relevé. Il n’empêche : les gaffes du président de la République commencent à intriguer. Sont-elles, chez lui, une habitude familière ? Traduisent-elles une propension naturelle du chef de l’Etat à la dent dure ? Expriment-elles son goût pour les « discours de vérité » ainsi qu’il l’a expliqué lors de son interview, dimanche 15 octobre sur TF1 ? Ou peut-être, disent-elles tout simplement qu’en politique, comme dans la banque d’affaires – les deux expériences professionnelles d’Emmanuel Macron –, mieux vaut être l’agresseur que l’agressé, attaquer plutôt que chercher à se défendre.

Pendant ce temps-là, sur l’île de Mayotte, où 40 % de la population vit en situation irrégulière – l’équivalent de 25 millions de réfugiés en métropole –, l’agressé prend le visage d’un Comorien, arrêté par la police et filmé par Anne-Charlotte Gourraud. « Pourquoi vous nous chassez ? On n’a rien fait de mal », demande-t-il.

Il s’agit de sa troisième expulsion, mais il explique qu’il reviendra une quatrième fois pour chercher du travail. Pas d’autre choix.


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