POLITIQUE - La manière forte. Au moins 500 gendarmes ont participé ce jeudi 22 février à l'aube à l'évacuation de la ZAD de Bure où est prévue la construction d'un centre d'enfouissement des déchets nucléaires. L'annonce faite par le ministre de l'Intérieur a aussitôt été relayée par les ténors de la majorité qui assument un déploiement de la force.
"Nous ne voulons plus qu'il y ait en France des lieux qui soient des lieux de non-droit", a ainsi déclaré le premier ministre Gérard Collomb, en marge d'un déplacement à Lognes (Seine-et-Marne). Interrogé sur l'évacuation menée par la gendarmerie, il a précisé que cette opération avait été décidée "à la fin de la semaine dernière". "Il faut bien qu'un jour la loi soit respectée", a-t-il ajouté.
Un mois après l'abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes, l'exécutif entend raffermir son image et montrer que le procès en laxisme qui avait suivi n'a plus lieu d'être. "C'est une capitulation, parce que c'est la victoire des zadistes. Ils ont gagné. La violence, aujourd'hui en France, paie. Vous pouvez, en utilisant les moyens les plus violents, bloquer un projet", avait notamment dénoncé le sénateur Les Républicains Bruno Retailleau en janvier.
Édouard Philippe avait récemment répondu à ces critiques, assurant la semaine dernière: "les évacuations, elles viendront". Si en Loire-Atlantique, les discussions avec les occupants de la ZAD promettent de durer après le 31 mars et que l'idée d'une évacuation s'éloigne de jour en jour, le gouvernement a décidé de montrer sa fermeté ailleurs.
"Assumer nos responsabilités"
"Nos responsabilités, nous voulons également les assumer face à ceux qui occupent illégalement des zones. Et dont je constate que nous avons trop longtemps accepté qu'ils les occupent. Si nous voulons éviter que ces choses se reproduisent, il faut donc que nous fassions en sorte que les procédures administratives soient menées peut-être un peu plus rapidement qu'aujourd'hui, et que nous ne laissions pas des zones s'enkyster sur des parties du territoire national", promettait le premier ministre.
Mais peu de monde s'attendait à une mise en oeuvre aussi rapide de ces menaces. Particulièrement pas à Bure où malgré une décision de justice rendue en avril 2017, les zadistes se voyaient rester là pour un bon moment. Surtout, le secrétaire d'Etat à la transition écologique, Sébastien Lecornu, est attendu sur place dans la journée. "C'est absolument invraisemblable car la visite était prévue aujourd'hui. Il devait nous rencontrer demain en tant qu'opposants. C'est la sidération", a réagi une porte-parole du collection "Bure Stop".