L’élection de l’Assemblée constituante convoquée par le président vénézuélien, Nicolas Maduro, dimanche 30 juillet, a provoqué une escalade de violences, avec au moins 15 morts au cours du week-end. A en croire le Conseil national électoral (CNE), 8 millions de Vénézuéliens sont allés aux urnes, soit 41,5 % de l’électorat (sur 19,5 millions d’inscrits). Ces chiffres sont contestés par l’opposition.
Ainsi, le député social-démocrate Henry Ramos Allup a estimé la participation à 12 %, soit à peine 2,4 millions de personnes. Le 16 juillet, les opposants avaient revendiqué une participation de 7,5 millions de Vénézuéliens au référendum qu’ils avaient organisé contre la Constituante de M. Maduro.
La nouvelle assemblée devrait conférer les pleins pouvoirs au chef de l’Etat. « L’Assemblée constituante a la même légitimité que celle de 1999 » convoquée par l’ancien président Hugo Chavez (1999-2013), a déclaré son successeur. Et d’ajouter : « Cette Constituante est destinée à ramener l’ordre, à fairejustice et à défendre la paix. [Les opposants] vont poursuivre leur folie, mais ils s’éteindront progressivement. Certains d’entre eux finiront en prison. »
M. Maduro a promis de lever l’immunité parlementaire des députés de l’opposition, majoritaires au Parlement depuis 2016, et de reprendre le contrôle du parquet, dirigé par Luisa Ortega, l’égérie des chavistes dissidents. Il a menacé aussi les médias et a accusé la chaîne de télévision Televen d’« apologie du délit » pour sa couverture de la journée.
Guerre des chiffres et bataille des images
Les forces de sécurité ont empêché l’accès de la presse aux bureaux de vote. Aucune vérification ou observation indépendante n’était autorisée. Selon l’Observatoire électoral vénézuélien, une organisation non gouvernementale, le CNE a commis de nombreuses irrégularités au cours de la préparation et de la réalisation du scrutin. L’ONG note l’absence de consultation préalable sur l’opportunité d’une Assemblée constituante. Le mode de scrutin, qui combine un vote par circonscription conçu pour favoriser les zones chavistes, et un vote par catégories socioprofessionnelles, est à la fois « inédit et illégal », selon l’ONG.
Outre la guerre des chiffres, une bataille des images a été menée dans les médias et sur les réseaux sociaux. La télévision contrôlée par le gouvernement présentait des images d’affluence à des bureaux de vote choisis pour la circonstance, tandis que les sites alternatifs étaient focalisés sur les violences.
Dans des circonscriptions à forte concentration chaviste, les électeurs ont voté pour préserver leurs bénéfices aux programmes sociaux. Dans les municipalités tenues par des opposants, les urnes sont restées désertes. A Caracas, le CNE a ouvert des « bureaux d’urgence » pour les électeurs d’autres circonscriptions, mais on circulait difficilement.
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