La fille d'une policière et une jeune femme de ses relations, islamiste radicale, placées en garde à vue, la policière elle-même interpellée avec son fils et deux membres de son entourage… Si la prudence s'impose avant la fin des gardes à vue, le dernier rebondissement de l'enquête sur l'assassinat de deux policiers à Magnanville (Yvelines), le 13 juin 2016, est des plus spectaculaire.
Près de deux ans après l'attentat, les policiers continuent notamment à se demander pourquoi le terroriste Larossi Abballa a ciblé le couple de policiers Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, tués à l'arme blanche, Jessica Schneider étant assassinée en présence de leur fils de 3 ans. Jusqu'à présent, ce choix demeurait énigmatique: de source proche du dossier, on a toujours précisé que rien ne laissait supposer que le délinquant Abballa avait croisé le chemin du commandant de police Salvaing dans le cadre d'une procédure policière ou judiciaire. L'islamiste avait pourtant assurément connaissance de l'adresse du couple et il a effectué des repérages avant de passer à l'attaque. Abballa a-t-il alors frappé par hasard ou lui avait-on livré des informations sur ses cibles?
Une fichée S
Le coup de filet opéré lundi par la sous-direction antiterroriste (Sdat) avec l'aide du Raid vise à tenter d'éclaircir ce mystère. Dans les six personnes, trois femmes et trois hommes, placées en garde à vue, on compte une policière de 48 ans, ancienne syndicaliste pour Alliance. Elle ne serait pas mise en cause directement. Sa fille, âgée de 29 ans, est également entendue. Enfin une des connaissances de cette dernière, islamiste radicale fichée S et âgée de 25 ans, a été également placée en garde à vue après avoir été extraite de sa cellule. Dans un autre dossier, elle a en effet été mise en examen et écrouée en 2017 pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Elle aurait aidé des islamistes à partir vers la zone syro-irakienne.
Quant aux trois hommes, âgés de 26, 30 et 33 ans, il s'agit du frère de la fichée S, qui aurait connu Abballa, d'un membre de l'entourage de la policière et de son fils. Major de police, cette dernière avait fait l'objet d'une enquête de police interne en 2016 pour avoir hébergé la connaissance de sa fille fichée S. À noter au passage que les policiers «de base» n'ont aucun moyen légal de savoir si une personne est visée par une fiche S, outil confidentiel de renseignement, ce que déplorent d'ailleurs les fonctionnaires en poste dans les Yvelines. Dans les six personnes visées par les interpellations de lundi, l'islamiste radicale déjà incarcérée semble être au cœur des interrogations des enquêteurs. Les interrogatoires permettront peut-être de savoir si elle a pu glaner des informations précieuses et les mettre à disposition de ceux qui préparaient l'attaque de Magnanville.
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