En dépit d’une baisse de la rémunération de l’épargne non risquée et de la volatilité des marchés, la cote des placements et des investissements phares grimpe, selon une enquête dévoilée le 16 avril.
Où placer ou investir ses économies ? Question complexe, dans le contexte : après une fin d’année chahutée en Bourse – le CAC 40 a fondu de plus de 10 % en 2018 –, les épargnants ont plus que jamais à l’esprit la volatilité des actions et les pertes enregistrées sur leurs contrats d’assurance-vie comportant des unités de compte. Ces supports soumis aux fluctuations du marché ont subi en 2018 une perte moyenne de 8,9 %, selon la Fédération française de l’assurance (FFA).
Rien de très attractif non plus du côté des produits non risqués, le taux du livret A stagnant à 0,75 % net d’impôt, sans perspective de revalorisation avant février 2020. Quant au rendement moyen de l’assurance-vie en euros (placement à capital garanti) l’an dernier, 1,8 % avant fiscalité, il n’a certes pas diminué par rapport à 2017, mais il ne protège plus l’épargnant contre l’inflation, cette dernière ayant atteint également 1,8 % en 2018.
L’assurance-vie « intéressante » pour 71 % des épargnants
Comment les ménages ont-ils digéré ces informations ? Comment jugent-ils les principaux produits financiers ? Pas forcément comme on l’attendait, au vu du dernier baromètre « Les Français, l’épargne et la retraite » dévoilé mardi 16 avril par Le Cercle de l’épargne. Malgré tout, 58 % des sondés estiment en effet l’assurance-vie « intéressante », un résultat en hausse de 7 points sur un an. C’est même 71 % lorsque la question est posée aux seuls épargnants, soit 9 points de plus que début 2018.
Le livret A ne voit pas non plus sa popularité chuter : au contraire, 26 % des sondés le jugent toujours intéressant, soit 2 points de plus qu’en 2018 et 9 points de plus qu’en 2015. Les actions obtiennent de leur côté un score de 40 %, contre 39 % début 2018. L’enquête a été réalisée début février auprès d’un peu plus d’un millier de sondés.
Au final, « la baisse des rendements n’a pas de prise réelle sur les épargnants », note l’économiste Philippe Crevel, fondateur du Cercle de l’épargne. Qui souligne par ailleurs que l’intérêt exprimé dans le baromètre pour l’épargne se traduit bien en termes de collecte. Rappelons que 140,1 milliards ont été déposés sur des contrats d’assurance-vie en 2018, selon la FFA (troisième meilleure collecte brute annuelle de son histoire). C’est 5,5 milliards de plus qu’en 2017. Parmi ces 140,1 milliards, 39,5 ont atterri sur des supports en unités de compte, qui signent ainsi leur meilleure collecte annuelle.
Les résultats du livret A sont également bons, avec une collecte nette 2018 (les dépôts moins les sommes retirées) quasi équivalente à 2017 (environ 10 milliards). Et en hausse de près de 30 % sur les deux premiers mois 2019, par rapport à janvier/février 2018.
Près d’un Français sur trois juge qu’aucun placement est rentable
N’en concluons toutefois pas que les sondés sont dupes sur les rendements. Quand ils sont interrogés non sur leur intérêt pour les produits mais sur les performances de ces derniers, ils sont comme en 2018 30 % à estimer qu’aucun n’est rentable.
« Ces résultats ne sont pas si surprenants », analyse M. Crevel. « Le premier motif d’économies est en effet l’épargne de précaution. Quand l’avenir est incertain, comme c’est le cas depuis plusieurs mois (crise des gilets jaunes, incertitudes sur la situation économique mondiale, Brexit, tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine), on épargne plus et on se dirige surtout vers les produits qu’on connaît bien. Le rendement n’est pas la priorité dans ce cas. D’autant que les périodes de regain d’inflation s’accompagnent traditionnellement d’une légère poussée d’épargne. On peut penser que la crainte d’une hausse des prix pousse à économiser plus, ou que les épargnants entendent compenser le fait que l’inflation ronge leurs économies en mettant davantage de côté. En outre, les épargnants se sont habitués aux rendements bas du livret A et des fonds euros. »
Le baromètre s’est aussi intéressé à la perception du projet de loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), définitivement adopté jeudi 11 avril au Parlement et qui vise notamment à rendre l’épargne longue plus attractive. Des mesures qui ne semblent pour l’heure pas susciter beaucoup d’enthousiasme : seuls un tiers des sondés répondent qu’ils seront davantage intéressés par les produits d’épargne-retraite avec cette réforme.
Interrogés sur un autre sujet d’actualité, la dépendance, les sondés expriment une préférence pour un financement par les impôts ou par les cotisations sociales. Seuls les plus de 64 ans optent en premier lieu pour un système d’assurance obligatoire à mettre en œuvre au moment du départ à la retraite.
Quant à la réforme des retraites en préparation, elle perd quelques points de popularité mais demeure plébiscitée. Les sondés sont désormais 18 % à se prononcer pour la conservation du système actuel, contre 13 % il y a un an. Inattendu : ils sont plus optimistes qu’en 2018 sur le niveau de leur pension ou future pension : 31 % estiment qu’elle est ou sera suffisante (+ 5 points). Le taux passe même à 50 % chez les retraités, en hausse de 11 points.
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