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Dans un entretien au « Monde », l’ancien ministre de l’économie espère qu’une « solution alternative émergera à gauche ».

Même retiré de la politique, Arnaud Montebourg entend peser dans le débat public. L’ancien ministre de l’économie et du redressement productif expose, dans un entretien au Monde, ses convictions écologistes et sa certitude de l’impossibilité d’agir face à l’urgence climatique dans un capitalisme mondialisé. Il n’épargne pas non plus Emmanuel Macron, qui mène, selon lui, une politique « incompatible » avec son discours écologiste. Une manière de prendre date.

Votre expérience d’entrepreneur dans le miel constatant la disparition des insectes vous a fait prendre conscience de l’appauvrissement de la diversité. Est-ce votre tournant écolo ?

Ma prise de contact avec les abeilles remonte à 2008 quand je suis tombé sur un apiculteur du canton où je me présentais qui venait de perdre ses 800 ruches. On ne comprenait pas alors cette mortalité. La disparition de l’entomofaune n’était pas un sujet ; on parlait de la disparition du panda mais pas de l’abeille. Or, celle-ci produit, par la pollinisation, l’équivalent de 35 % de la nourriture de l’humanité. En 2011, j’avais déjà écrit sur la disparition des abeilles. Mais nous n’étions pas dans cette situation d’effondrement alarmante de la biodiversité qui a intensifié mon engagement.

Comment expliquez-vous la réticence de l’Union européenne (UE) à interdire les produits nuisibles aux abeilles ?

Parce que le modèle de l’agriculture européenne et mondiale est un modèle où la chimie a pris le pouvoir sur l’agriculture. Le moment où il faut apprendre à s’en passer est arrivé. La croissance exponentielle de conversions d’agriculteurs vers le bio montre que les consciences évoluent favorablement. Mais ce n’est pas le cas de nos compétiteurs économiques au sein de l’UE. Le marché unique et sa liberté de circulation des produits sont un énorme frein, pourtant le consommateur soutient cette mutation. En acceptant de consommer différemment même avec une augmentation des prix, il est le conducteur de la révolution alimentaire.

Peut-on lutter contre le réchauffement climatique dans le contexte de la mondialisation ?

La mondialisation, c’est la concurrence effrénée où l’emporte le plus antisocial, le plus anti-environnemental, qui utilise les moyens les moins scrupuleux pour fabriquer moins cher. La mondialisation est donc déloyale en mettant en concurrence des anciens pays industrialisés, qui ont cent cinquante ans d’acquis sociaux, avec des pays nouveaux, qui traitent leurs travailleurs comme des esclaves. Elle est aussi inégalitaire : en dix ans, 70 % des ménages dans l’OCDE ont vu leurs revenus diminuer ou stagner, pendant que 80 % de la richesse créée allait à 1 % des plus riches.


Lire la suite : Arnaud Montebourg : « La politique, ce sont des propositions grandioses pour des résultats trop souvent minuscules »


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