Avec 14 millions de visiteurs en 2018, la cathédrale parisienne est le monument le plus visité d’Europe.
Un lieu de mémoire et, plus prosaïquement, un haut lieu touristique. La cathédrale Notre-Dame de Paris, en partie détruite par un incendie, lundi 15 avril, est le monument historique le plus visité de France, et même d’Europe, avec près de 14 millions de visiteurs et de pèlerins en 2018. Les voyageurs venus du monde entier venaient admirer ses vitraux et ses trois rosaces, ses tours, sa flèche de Viollet-le-Duc, ses gargouilles, son grand orgue et son trésor, comme la Couronne d’épines du Christ et la tunique de Saint Louis. Quand les plus courageux ne montaient pas dans ses tours pour jouir d’une vue panoramique sur Paris.
Verra-t-on moins de touristes dans la capitale, déjà pénalisée au premier trimestre par les manifestations parfois violentes des « gilets jaunes » ? Les professionnels le redoutent. Qu’on y accède à pied, par le parvis, ou qu’on la contemple depuis un Bateau-Mouche, la cathédrale est un passage quasi obligé des visiteurs, dont certains viennent de très loin pour découvrir un des symboles de la chrétienté ou retrouver leurs souvenirs de lecture de Notre-Dame de Paris (1831), le roman de Victor Hugo.
Mais la première réaction du secteur est à la sidération et à une forme de recueillement. « C’est un choc immense qui résonne au plus profond de chacun de nous, chez les Français et dans le monde entier, résume Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’Etat au tourisme. Notre-Dame de Paris était un monument éminent, une expérience de la destination France, qui touchait au cœur des millions de touristes internationaux chaque année. »
« On n’avait pas besoin de ça ! »
Le directeur général d’Atout France, l’agence nationale chargée de promouvoir le tourisme, confie qu’il n’a « pas l’âme à parler d’économie ». « Notre-Dame, qui avait résisté à tout !, s’exclame Christian Mantei en regardant l’incendie depuis les quais. J’étais sur la Seine avec des agents de voyage, nous somme passés devant la cathédrale en feu. Certains avaient les larmes aux yeux. Ils ne pensaient pas à leur portefeuille, car c’est notre histoire qui est touchée au cœur. »
« Pour l’image de Paris, après l’Arc de triomphe saccagé par des casseurs pendant les manifestations des “gilets jaunes”, ce n’est pas une bonne nouvelle »
Il reste que le souci des affaires va rapidement reprendre.Le sentiment est partagé, le cri du cœur unanime : « On n’avait pas besoin de ça ! » Les violences de décembre 2018 et de mars au cours des manifestations des « gilets jaunes » ont fait chuter la fréquentation touristique en début d’année dans la capitale et entraîné une perte de 250 millions d’euros en Ile-de-France, selon le Groupement national des indépendants de l’hôtellerie et de la restauration. Les professionnels se désolent de voir ce chef-d’œuvre gothique, inscrit en 1991, par l’Unesco, au Patrimoine mondial de l’humanité, en partie dévoré par les flammes.
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