Près de deux ans après l'accident d'une rame TGV d'essai à Eckwersheim (Alsace), les familles des victimes ont reçu vendredi 28 octobre les conclusions définitives de l'enquête judiciaire. Et elle pointe du doigt la SNCF et sa filiale Systra, selon France 3 Grand Est. Cette enquête est la troisième, après celles de la SNCF et du Bureau d'enquête sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT), à livrer ses conclusions. En octobre 2016, deux salariés de la SNCF et un salarié de Systra, la filiale chargée des essais, avaient déjà été mis en examen pour homicides et blessures involontaires.
14 novembre 2015. Alors que la France se réveille hébétée après la nuit d'horreur de Paris, une rame TGV d'essai s'élance à 14h28 de la gare de Meuse TGV. Elle doit réaliser un ultime test sur le tronçon de la future ligne à grande vitesse est-européenne. Mais à 15h04, juste après une courbe, le train déraille et plonge dans le canal de la Marne au Rhin au niveau de la commune d'Eckwersheim. 53 personnes sont présentes à bord: 11 sont tuées, 42 blessées. Parmi les victimes, quatre salariés de la SNCF, cinq de Systra et deux femmes dont les compagnons travaillent chez Systra.
«Inexpérience», «manque de formation, de coordination et de rigueur»
Les 140 pages du rapport judiciaire accablent la SNCF et Systra: «inexpérience des personnels chargés de faire les essais en survitesse, manque de formation de ces personnels, manque de coordination avec la SNCF et de briefings pour préparer les essais, manque de rigueur dans l'organisation des essais», liste France 3 Grand Est. Selon l'enquête, Systra aurait même demandé à l'équipage de la rame de procéder à des essais en survitesse à 10% de plus que la vitesse de conception de la ligne et non de la vitesse de commercialisation, soit 330 km/h au lieu de 187 km/h. Au moment de l'accident, le train roulait à 243 km/h. Contactée par Le Figaro, la SNCF n'a pas souhaité réagir.
«Nous avons enfin les conclusions qui devraient permettre au juge d'instruction de continuer son information et de mettre en examen des personnes morales. La SNCF ne s'est pas cachée. Depuis l'origine, elle a assumé l'idée que cet accident résultait d'une faute. Petit à petit, les choses se sont clarifiées avec des rapports (...) Nous avons clairement des essais qui ont été mal conçus, avec du personnel pas formé. Nous avons aujourd'hui une nouvelle pièce qui achève d'enfoncer ce clou», a déclaré maître Gérard Chemla, avocat d'une partie des familles des victimes, au micro de France Bleu Alsace.
Vitesse très largement excessive
Dès le 19 novembre 2015, le rapport d'enquête interne à la SNCF attribuait «de façon certaine le déraillement (...) à une vitesse du train de 243 km/h, (...) nettement supérieure à celle prescrite au programme d'essai (176 km/h)». Selon les enquêteurs, «cette vitesse trop importante résulte...
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