Un sommet exceptionnel des pays latino-américains s'est ouvert lundi en Équateur pour trouver une solution à l'afflux massif de Vénézuéliens dans les pays du continent. La réunion se poursuivra mardi.
Comment gérer l'exode massif des Vénézuéliens fuyant le marasme dans leur pays ? L'Amérique latine se réunit à Quito, en Équateur, afin de débattre, pour la première fois, d'une politique commune face à cette crise migratoire sans précédent dans la région. La réunion, rassemblant des haut-fonctionnaires dans les domaines de l'immigration et des affaires consulaires, s'est ouverte lundi 3 septembre à la mi-journée. Jusqu'à mardi, 13 pays vont tenter d'élaborer des moyens d'action communs face à l'exode vénézuélien.
À l'initiative de l'Équateur, l'Argentine, la Bolivie (alliée du Venezuela), le Brésil, la Colombie, le Costa Rica, le Chili, le Mexique, le Panama, le Paraguay, le Pérou et l'Uruguay ont répondu présents.
Bien qu'invité, le Venezuela - de plus en plus isolé sur le continent du fait de la politique du président Nicolas Maduro et des atteintes aux droits humains dénoncées par son opposition ainsi que par l'Organisation des états américains (OEA) - n'avait pas confirmé dimanche sa participation.
Plusieurs mesures débattues
Les propositions qui devraient être débattues vont de l'élimination des restrictions à l'unification des mesures régissant le transit des Vénézuéliens, en passant par la constitution d'un fonds commun à l'initiative de l'ONU, comme le propose la Colombie.
Il sera aussi question d'un système de quotas de migrants, comme l'a suggéré le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez lors de sa récente visite à Bogota, où il a annoncé un apport européen de 35 millions de dollars (environ 30 millions d'euros).
"Il est indispensable que chaque pays assume sa part de responsabilité", a estimé le vice-ministre équatorien de la Mobilité humaine, Santiago Chavez. Cela inclut le Venezuela, auquel les pays réunis à Quito vont demander qu'"il mette en œuvre des politiques" afin que la migration soit "gérée de manière adéquate", a-t-il ajouté.
La réunion portera aussi sur les "nécessités financières" des pays d'accueil et l'Équateur lancera un appel à des fonds internationaux, selon Santiago Chavez. Les États-Unis, qui ont pris des sanctions contre des membres du régime vénézuélien, ont déjà versé des aides à la Colombie et au Brésil.
2,3 millions de Vénézueliens sont désormais expatriés
Environ 2,3 millions de Vénézuéliens (7,5 % d'une population de 30,6 millions) vivent à l'étranger, dont 1,6 million qui ont émigré depuis 2015 quand les pénuries de nourriture et de médicaments se sont aggravées, parallèlement à l'hyperinflation. La Colombie, le Pérou et l'Équateur sont les principaux pays d'accueil de ce flux qui s'étend à d'autres pays sud-américains comme le Brésil.
Caracas a qualifié de montage "type Hollywood" les images des milliers de Vénézuéliens marchant sur les routes, avec leurs enfants et leurs maigres biens.
Pour Daniela Salazar, avocate spécialisée en droits humains, il faut régler les causes de la migration et pas seulement chercher des palliatifs pour l'affronter. "Vu que les gouvernements se sentent affectés, qu'au moins ils ne détournent pas les yeux et exercent suffisamment de pression internationale pour générer un changement de la situation politique au Venezuela", a déclaré à l'AFP cette professeure de l'Université San Francisco de Quito.
En Amérique latine, il n'y a pas de position unique face à la crise au Venezuela : si la majorité le critique, la Bolivie défend le président Maduro. L'OEA a pour sa part convoqué une réunion extraordinaire pour mercredi.
Une vague de xénophobie ?
À chaque frontière, les Vénézuéliens sont confrontées à des formalités différentes. La Colombie demande une carte d'identité en cas de transit, un passeport à ceux qui veulent rester sur son territoire. L'Équateur exige une carte d'identité certifiée. Le Pérou un passeport ou une demande de statut de réfugié.
Cette migration est la plus importante de l'histoire de l'Amérique latine. Elle submerge les capacités d'attention des pays d'accueil, où surgissent parfois des réactions de xénophobie et de violence comme dans l'État brésilien de Roraima. Quito a été jeudi dernier le théâtre de deux manifestations contraires : l'une de vendeurs des rues contre les migrants vénézuéliens, l'autre dénonçant la xénophobie.
Le président Maduro parie pour sa part sur une récupération économique via un plan qui inclut une hausse du salaire minimum de 3 400 %, ainsi que des impôts et de l'essence, la moins chère du monde dans ce pays qui détient les plus importantes réserves de pétrole de la planète.
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