La mise en scène de trop. Après avoir dû annoncer, à la sortie du conseil des ministres du 7 novembre, que 2025 n'est finalement pas un calendrier tenable pour baisser à 50% la part du nucléaire, Nicolas Hulot, de retour à son ministère, s'emporte : "Ça ne peut pas se passer comme ça !"
S'il "assume" cette décision, c'est la forme qui lui a déplu, explique Nicolas Hulot au "Point", qui dépeint dans ses pages un ministre frustré et fatigué. Il détaille :
"La communication à la sortie du conseil n'était sans doute pas adaptée à un exercice de ce type. Cette salle où l'on m'a précipité sans même m'avoir laissé le temps de manger est terriblement rigide, contraignante, archaïque. [...]""Ça avait l'air orchestré. Il n'y avait pas besoin de cette mise en scène dans laquelle je ne me suis pas reconnu ! Ça, ça m'a énervé"
Ministre isolé
"J'ai parfois un sentiment d'isolement", confie le ministre à l'hebdomadaire. Absence de vie familiale, décalage avec les autres membres du gouvernement... Le tableau est plutôt sombre.
"A l'instant où vous êtes nommé ministre, vous être happé comme dans un fleuve en crue", dit-il ainsi, "en permanence plongé dans un tas de petites choses pas forcément utiles.
"Je passe mon temps à dire : 'Mais laissez-moi réfléchir un peu !'
L'écolo tente bien, pour se préserver, de passer des week-ends chez lui en Bretagne et de couper son téléphone portable à la fin de sa journée de travail. Mais si "personne ne [l'a] obligé à prendre ce job", il constate que "[sa] vie personnelle n'existe plus" :
"Même la nuit, je refais le procès de la veille, je revois mes confrontations quand je n'ai pas obtenu gain de cause."
Ministre frustré
S'il décrit un "job de frustration", dans lequel la "volonté se heurte à une forme d'inertie", le ministre n'a pourtant "pas l'impression d'être inutile".
Et après ? Pas question pour le moment pour Nicolas Hulot de renoncer. Ni pour Emmanuel Macron de s'aventurer sur des dossiers sensibles comme celui de Notre-Dame-des-Landes, au risque de perdre définitivement le politique préféré des Français. Celui-ci anticipe :
"Et si certaines choses m'amènent à me renier sur des sujets essentiels, j'aviserai... Je n'en suis pas là pour l'instant."
A. R.