Il aura donc tenu un peu plus d'un an, grâce au bon vouloir de la municipalité EELV et de l'organisation Médecins sans frontière. Le camp de Grande-Synthe, dit de la Linière a ouvert en mars 2016. Il devait apporter une solution aux conditions de vie insalubres du camp sauvage de Basroch, rebaptisé par les associations le "camp de la honte".
Majoritairement peuplé de Kurdes, le camp de Grande-Synthe a vu sa population doubler après la fermeture de la Jungle de Calais en octobre 2016. Le nombre de migrants, maintenu à 700 par la municipalité, est passé à 1500 selon les autorités.
Et avec cet afflux de migrants, le camp est vite arrivé à saturation. Conçus à l'origine pour deux personnes, les quelques 300 chalets de 7m² ont finalement accueilli parfois jusqu'à cinq occupants. Deux cuisines sur trois ont également été réquisitionnées, a confié un bénévole du Secours Catoholique à L'Express. Cette saturation a rapidement entraîné le délabrement des conditions sanitaires, et le développement d'épidémies.
La situation s'est dégradée aussi d'un point de vue matériel. Les chalets en bois sont devenus humides, favorisant le développement des maladies et champignons. Sur-utilisés, les locaux communs, comme les sanitaires ou les douches, se sont dégradés. "Ce n'est plus digne. Entre la photographie du camp il y a un an et celle d'aujourd'hui, il y a eu une évolution qui n'est pas agréable d'un point de vue matériel" confiait en mars dernier Franck Spicht, membre de l'Afeji, l'association en charge du campement.
"La surpopulation, comme la vétusté des cabanons, font que ce camp qui était aux normes internationales à son ouverture ne l'est plus vraiment aujourd'hui", regrette Amin Trouvé Baghdouche, le coordinateur général de Médecins du monde sur le littoral Nord-Pas-de-Calais, interrogé par Le Monde.
Tensions à l'intérieur et autour du camp
Sur le camp, les tensions et les violences n'ont cessé de croître depuis plusieurs mois. L'arrivée d'une majorité d'Afghans a également provoqué "des tensions palpables", selon Olivier Caremelle, le directeur du cabinet du maire de la ville. Selon lui, ce serait d'ailleurs une rixe entre Irakiens et Afghans qui aurait provoqué l'incendie de ce mardi. Une hypothèse que l'enquête devra vérifier.
De source policière, une première bagarre entre 200 migrants aurait éclaté vers 18h45, entraînant une première intervention des CRS. Selon le préfet du Nord, Michel Lalande, qui s'est rendu sur place dans la soirée, la rixe a opposé Afghans et Kurdes. L'affrontement se serait ensuite arrêté, avant de reprendre à 21h30, impliquant cette fois 600 migrants. Plusieurs départs de feu ont alors été constatés, avant de que le préfet du Nord n'ordonne l'évacuation du camp et sa fermeture, vers 1h du matin.