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Malgré le contexte, les soutiens de Place publique rêvent encore d’unité.

Voilà des mois qu’ils se désespèrent. De la surdité du pouvoir à la détresse sociale, de la situation tendue créée par la violence des manifestations des « gilets jaunes », du climat hostile aux migrants sous l’influence des diatribes de l’extrême doite… Et surtout d’une gauche sociale-démocrate en laquelle ils ont cru et qu’ils ont vu sombrer jusqu’à devenir inaudible. Ne se reconnaissant ni dans les coups de gueule de Jean-Luc Mélenchon ni dans la politique libérale d’Emmanuel Macron – même si certains ont pu voter pour l’un ou l’autre à la présidentielle –, ils se disent « orphelins », « perdus » et enragent de voir tout leur courant de pensée disparaître aux européennes. Place publique essaye de réveiller ces électeurs perdus de la gauche.

En ce soir de février, ils sont une trentaine à se presser dans la salle des mariages de Saint-André-de-Cubzac (Gironde) pour un « Café de la place ». C’est ainsi que se nomment les causeries politiques autour des thématiques du mouvement lancé par l’essayiste Raphaël Glucksmann. Une première rencontre du mouvement dans cette petite ville de 12 000 habitants, à 30 kilomètres de Bordeaux. Sandrine, élue divers gauche, locale de l’étape qui préfère rester anonyme, a invité le député socialiste portugais Paulo Pisco pour parler démocratie. Dans les travées, les têtes sont plutôt grisonnantes, mais l’attente est réelle. Nadine Queral, militante associative et élue divers gauche à Blaye, a envie « d’unité » : « Face au danger du populisme, il faut arrêter la division et se mettre ensemble pour défendre l’écologie, le social », explique la sexagénaire. Ajoutant : « J’ai très peur que cela ne marche pas… »

Cri d’alarme

Pourtant, un vent d’espoir est perceptible parmi ces électeurs qui, pour la plupart, n’ont jamais été encartés. Robert Bellec, 69 ans, ancien pépiniériste, est de ceux-là. « Je suis proeuropéen convaincu et je veux que ce discours soit porté. Aujourd’hui, le PS n’est plus rien, alors une liste unie, ça me plairait », glisse le retraité, venu d’un village voisin « voir ce qu’était Place publique ». Beaucoup se sentent comme tenus de répondre à l’appel, après avoir entendu Raphaël Glücksmann à la radio ou à la télévision lancer un cri d’alarme sur la possible disparition de la gauche.

Pierre Chambaraud, ancien cadre de l’industrie pharmaceutique, a embrayé dès le lancement du mouvement, mi-novembre : « C’est absurde que la gauche, qui fait partie de l’histoire idéologique de la France, soit émiettée autour de listes qui vont faire entre 3 et 9 %. Il faut qu’ils laissent tous leur ego au vestiaire et fassent passer les idées d’abord », lâche-t-il. Ancien militant socialiste, passé dans sa jeunesse par le PCF, il dit vouloir « un peu de plus de rouge ». Il pense le trouver dans les dix engagements proposés par Place publique et ça lui plaît. Même enthousiasme pour Guillaume, salarié d’un promoteur immobilier, qui a pris contact par Facebook. « Leurs urgences me parlent : le climat, les migrants, l’Europe, repenser la démocratie, c’est tout cela qu’il faut à la gauche », souligne le trentenaire. Cet ancien électeur de François Hollance et novice en politique est aussi séduit par l’initiative : « Ça part de la base, tout le monde peut participer et organiser un “Café de la place” », se réjouit-il.


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