L'armistice du 11 novembre 1918 devait signer la fin de la «der des ders». On sait ce qu'il en fut. Le 3 septembre 1939, la France et le Royaume-Uni déclaraient la guerre à l'Allemagne, ouvrant alors une nouvelle période à feu et à sang. Ce, jusqu'au 8 mai 1945 date, de la capitulation allemande.
Chaque année depuis lors, nous commémorons le 8 mai. Mais que marque vraiment cette date? La fin de la Seconde Guerre mondiale, alors que le Japon impérial a déposé les armes le 2 septembre? Un armistice? La paix? L'historien et auteur de Le diable sur la montagne: Hitler au Berghof (Perrin), Thierry Lentz éclaire ces questions.
LE FIGARO - Nous commémorons ce jour, le 8 mai 1945. Mais de quoi parlons-nous?
Thierry Lentz - Le texte signé le 8 mai 1945 permet de mettre fin à la guerre. L'Allemagne reconnaît sa défaite et dépose les armes. Toutefois, cette capitulation sans conditions n'est pas un traité de paix. Celui-ci aurait dû suivre, comme cela a été le cas à la fin de la Première Guerre mondiale.
Le 11 novembre furent signés l'Armistice et sept mois plus tard, le 28 juin 1919, le Traité de Versailles. La logique aurait voulu que l'on reprenne cette «procédure» et pourtant, il n'y a jamais eu de traité de paix. Si l'on veut donc tirer les choses par les cheveux, on pourrait dire que nous n'avons jamais signé la paix avec l'Allemagne.
On parle souvent d'armistice. Est-ce un abus de langage?
Cette question de la différence entre «un armistice» et «une capitulation» est importante, même si aujourd'hui, nous avons tendance à utiliser le premier terme, peut-être par analogie avec la Première Guerre mondiale. En 1945, il ne s'agissait pas seulement d'une cessation des combats, mais de la capitulation de toute l'armée et de l'État allemands. Il n'est donc pas question d'un armistice comme on le dit parfois.
Qu'ont donc signé les Allemands en 1945?
Le 7 mai 1945 fut signé en anglais à Reims l'Act of military surrender, c'est-à-dire un «acte de reddition». Le texte de seulement trente lignes signé le lendemain, le 8 mai 1945 à Berlin, est un «acte de capitulation militaire», qui implique le dépôt des armes et pas seulement la fin des combats, comme en 1918.
Commémorer le 8 mai, est-ce le fêter?
Commémorer ne veut pas dire “célébrer“ mais “se souvenir“. Compte tenu de notre rapport avec l'Allemagne aujourd'hui, nous célébrons plutôt la fin de la Seconde Guerre mondiale, sans en rajouter sur l'écrasement de l'adversaire. Ce qui n'est pas le cas pour la Russie. Elle commémore toujours de façon grandiose et dans l'exaltation nationale la défaite de l'Allemagne nazie. Pour les Russes, le 8 mai est le synonyme d'une immense victoire, il est vrai chèrement payée.
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